Souvenirs sur André-Charles Nauleau, témoignage recueilli le 8 mai 2007
Quand j’ai commencé à m’intéresser à la peinture, j’avais juste vingt ans et habitais à La Roche-sur-Yon. C’est le courant impressionniste qui me plaisait comme Claude Monet ou Édouard Manet.
Un jour je suis allé à la galerie Robin et il y avait une exposition d’André-Charles Nauleau. Je dois dire que son style m’a touché, sa peinture me parlait. J’y ai trouvé quelque chose d’impressionniste dans ses paysages parfois flous traités par touches successives. Il traduisait de façon très spontanée les différents aspects de la nature.
Alors j’ai eu envie de le rencontrer pour en savoir plus. Je suis allé chez lui puis il m’a emmené dans son atelier où il faisait également ses chars pour les fêtes des fleurs.
Vous savez, il avait la réputation d’avoir un tempérament assez dur mais avec moi le contact a été très facile dès le début, je garde un excellent souvenir de notre rencontre.
Il a vu en moi du potentiel et c’est pour cela qu’il m’a consacré de son temps par la suite. Pour autant, il ne m’a pas fait de cadeaux et quand je lui ai montré mes dessins il m’a dit « vous avez beaucoup de travail à faire ! », ce qui était assez vrai il faut l’avouer. Au moins il a eu la franchise de me le dire, il n’y est pas allé par quatre chemins.
Grâce à lui j’ai pu faire ma première exposition, il m’a fait inscrire au 18ème Salon de Peinture de Montaigu en septembre 1968. Nous étions une vingtaine d’exposants parmi lesquels Droillard, Toussaint, Nassivet et Nauleau, bref, une belle entrée en matière. J’avais apporté uniquement des portraits réalisés au crayon car c’est ce que je faisais à cette époque.
Puis nous avons travaillé ensemble et il m’a appris la peinture à l’huile. Je lui montrais systématiquement ce que je faisais et il m’aidait à avancer en critiquant mes différents travaux. J’ai travaillé comme cela pendant trois ans dans son atelier avec son aide et ses conseils avisés, cela m’a permis de progresser rapidement et de quitter le dessin pour la peinture.
Nous sommes aussi allé sur le terrain. Un jour d’hiver il m’a dit de monter avec lui dans sa voiture et nous avons pris la direction du marais de Soullans, le marais était inondé et il a fait un tableau devant moi. Il aimait bien ce marais mouillé et prenait plaisir à peindre le motif tout en me montrant.
Il m’a appris les techniques de la peinture mais il m’a laissé exprimer mon caractère et aujourd’hui je fais des œuvres totalement différentes de lui, il m’a aiguillé et j’ai trouvé mon style sans jamais essayer de l’imiter. Je l’ai considéré comme mon « maître » car c’est vraiment lui qui m’a appris à peindre.
Aujourd’hui je lui fais encore des petits clins d’oeils dans mes toiles quand je fais des coquelicots, fleurs qu’il aimait tant.
Les souvenirs que je garde d’André-Charles Nauleau sont ceux de quelqu’un d’ouvert et accueillant. Il avait un humour assez caustique et on riait bien tous les trois avec son ami Jean Droillard, je peux vous dire que ce n’était pas triste.
Le marais de Soullans. Tableau d’AC Nauleau réalisé dans la période décrite par Jean-Marie Monnier.