Témoignage de Robert André – Ami de l’artiste

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Souvenirs sur André-Charles Nauleau, témoignage recueilli le 10 août 2006

J’ai connu André-Charles Nauleau au Sacré-Cœur car nous chantions ensemble à la chorale. Nous étions tout jeune et nous faisions partie de la même Église.

Quand il y a eu les bombardements, je faisais partie de la Défense Passive. On était présent pour secourir juste après les bombardements. On allait dans les maisons où il y avait des dégâts matériels ou humains. André-Charles a été sinistré et c’est moi qui l’ai « sauvé ». J’étais avec lui pour tout débarrasser.

Depuis la guerre, on a toujours été amis, même si nos chemins se sont parfois écartés à cause du travail ou parfois des maladies, nous nous sommes toujours retrouvés. Le hasard de la vie a fait que nous ne nous sommes jamais éloignés l’un de l’autre.

André-Charles Nauleau avait sa maison à Longeville, « la Colombine » où il passait les week-ends et les vacances. Moi j’ai monté un chalet pas très loin de sa maison. A chaque fois qu’on allait là-bas, on klaxonnait devant chez lui et ça recommençait, on jouait à la pétanque et on mangeait ensemble. Il avait toujours son chapeau et son gros nœud papillon, c’était une belle époque.

Ensuite, à La Roche-sur-Yon il a fait bâtir une maison pour sa belle-sœur dans notre quartier, rue Flandres Dunkerque et il s’était aménagé un atelier dans le garage. Comme il passait devant la maison tous les dimanches matins, il venait ici prendre l’apéritif, sa petite Suze. Il emmenait toujours sa petite fille Marie-Laure, c’était sa protégée.

Il avait un caractère assez dur, quand il disait que ce serait comme ça, ce n’était pas la peine d’essayer de le contrarier. C’était quelqu’un de plutôt ouvert et extraverti. Il était bon vivant et disait ce qu’il pensait.

On l’a vu jusqu’au dernier moment, rue Ferrer quand il était en fauteuil roulant. Henriette bourrait sa pipe, il fallait aussi lui tenir le verre, c’était dur…

Je l’ai vu peindre, mais même quand j’étais à côté de lui c’est tout juste si il n’était pas sourd. Il était totalement pris par cette peinture.

Je me rappelle le jour où il a peint mon chalet de Longeville. Je suis allé le voir et lui ai dis « tu vois ce chalet, j’aimerais bien que tu me le fasse en peinture ». Il me dit « attend, je retourne à la Colombine », il revient avec son carton et son crayon « va me chercher une chaise ! » ce que je fais aussitôt. Il tourne autour du sujet, regarde les angles de vue et dit « met la chaise là-bas ! » ce que je m’empresse de faire. Et en quelques secondes il donne des coups de crayon pour esquisser le chalet. Je lui demande « mais qu’est-ce que tu as fait, tu ne vas pas arriver à retranscrire le lieu, il y a quatre coups de crayon sur ton croquis ! » Il répond « ne t’inquiète pas, ça me suffit. Tu vas me découper une planche de contre-plaqué et tu me l’apportes ».

Il retourne dans son atelier et un jour il me dit « c’est prêt, je te l’emmène ». Quand j’ai vu ce tableau, j’ai dit « c’est pas vrai, c’est une merveille ! ». Je vous dit, quatre coups de crayon, il n’est pas retourné sur les lieux prendre les couleurs et les dimensions des barreaux du chalet. Et il ne s’est pas trompé, c’était exactement comme ça.

Il avait l’œil, il est né avec ça, c’est un don de la nature, je garde d’André-Charles Nauleau un grand souvenir…

 

Le chalet de Longeville-sur-Mer en Vendée

Le chalet de Robert André à Longeville-sur-Mer peint par André-Charles Nauleau